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Rétrospective 2017 : quel bilan diplomatique pour l’environnement ?

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L’année 2017 s’est refermée sur la déclaration du président français Emmanuel Macron de vouloir asseoir la finance et l’économie au chevet de l’écologie. La tenue du sommet One Planet Summit à Paris en décembre 2017 a clos une année compliquée pour les enjeux écologiques. Toute diplomatie a son calendrier, dicté tant par les évènements que par les intérêts de chacun. Celui de l’environnement est plus régulièrement rythmé par les catastrophes environnementales que par les grandes décisions. Il achoppe bien trop souvent sur le manque de volonté des acteurs institutionnels.
2017, dans la ligné de l’année 2016, a néanmoins vu se recomposer le paysage international autour de ces enjeux. En diplomatie environnementale, comme dans tout jeu d’influence, un système d’alliances aux ramifications complexes s’est développé, teinté de realpolitik, mélange d’opportunisme parfois, d’éthique de responsabilité souvent. Un antagonisme Nord/Sud demeure encore prégnant.
Sans qu’on ne puisse encore dégager de grandes tendances, des lignes de fracture se dessinent.  La montée en puissance de la Chine a  notamment accompagné le retrait des États-Unis. 2017 marque par ailleurs l’émergence des organisations non gouvernementales, notamment via la société civile ou les grandes multinationales.

La recomposition de la diplomatie environnementale

D’une conférence à l’autre

L’accord de Paris de 2015 demeure la base des négociations en cours. Juridiquement contraignant, se déclinant en responsabilités communes mais différenciées en fonction de l’état de développement des parties, il pose le cadre, certes encore bancale, des négociations à venir. L’héritage de la COP 21 est néanmoins malmené. Le 5 août 2017, la décision du Département d’État américain de se soustraire aux accords de Paris fragilise le traité péniblement élaboré. Cette pierre dans le jardin de l’environnement doit néanmoins être mise en perspective avec les déclarations des dirigeants américains, arguant de leurs volontés d’être « productifs, utiles, et cherchant néanmoins les moyens de continuer à travailler avec les partenaires de l’accord climat de Paris », comme l’a rappelé le Secrétaire d’État américain Rex Tillerson, le 17 décembre 2017. De son coté, la Chine, cherchant en dépit de profondes contradictions à prendre le leadership mondial en matière d’enjeux énergétiques, affirme en juin 2017 par la voix de son premier ministre sa ferme volonté de mettre en œuvre « les promesses faites lors de l’accord de Paris ».

Deux ans après la COP 21, le bilan reste en demi-teinte. Le vert tire bien souvent au gris terne, à cause de déclarations d’intentions non suivies d’effet. Les enjeux et leviers s’entremêlent. La finance appelée à la rescousse par le président français en décembre s’accommode difficilement de la phase technique et transitoire qui suit actuellement la 21ème conférence des parties à l’accord de Paris.

A la suite du traité de Paris signé en 2015, l’objectif premier des conférences sur le climat qui ont suivi était en effet de rédiger un manuel de mise en application de ce traité, avec l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit d’un volet technique, complexe à mettre en œuvre, ressemblant parfois à un long processus technocratique peu motivant. Cette dimension technique se dresse bien souvent en travers de l’efficacité des processus, dont l’avancé est jugée trop lente au regard de l’urgence de la situation. Une lenteur allant parfois jusqu’à remettre en cause la pertinence des négociations amorcées, comme le résume le chef de la délégation nicaraguayenne lorsqu’il rappelle que « ce qui est en jeu, c’est la pertinence du processus de COP. Nous ne pouvons pas prendre le risque de devenir de moins en moins pertinent à chaque conférence ».

Il faut néanmoins saluer les avancées concrètes réalisées au cours de l’année 2017 en la matière, et notamment le lancement de l’Alliance pour la sortie du charbon, à l’initiative du Canada et du Royaume-Uni. D’autres pays, comme l’Angola, la Belgique et le Portugal, suivant la dynamique lancée le 16 novembre, se sont engagés dans un processus de diminution de leur dépendance au carbone. De la même manière, les 200 États réunis à Bonn se sont mis d’accord le 18 novembre sur des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette 23ème conférence, tenue sous la présidence des Îles Fidji, a porté la voix des pays du Sud confrontés directement aux conséquences du réchauffement climatique. Il ne pouvait à cet égard n’y avoir d’organisateur plus symbolique que les Îles Fidji, dont les terres sont menacées par la montée des eaux.

Il est difficile d’envisager un modus vivendi universel. La nécessaire congruence d’intérêts rend en effet délicate la mise en place d’une diplomatie environnementale homogène. Les solutions inter-étatiques, réalisables et chiffrées, sont actuellement privilégiées et peuvent susciter un mimétisme chez les autres nations.

Quel modèle pour une diplomatie environnementale ?

Comme bien souvent, les avancés significatives en diplomatie ne sont le fait que d’une convergence d’intérêts partagés et de circonstances heureuses. A l’aube de 2018, s’articule une nouvelle donne avec l’entrée de la Chine sur le créneau, irruption certes tardive mais comblant le vide de leadership laissé par les États-Unis. La diplomatie environnementale, concept élaboré en 2011, a le mérite de replacer au cœur des préoccupations des États le concept d’écologie et d’impliquer directement les chancelleries. Cette gouvernance écologique mondiale réussit lorsqu’elle est portée par un volonté politique forte. Elle s’accommode mal des sauts de cabris non suivis d’engagements contraignants.

Les problématiques environnementales se retrouvent aujourd’hui dénominateur commun de nombreux enjeux. Les conflits et points chauds émaillant le globe tirent souvent leurs origines des tensions environnementales (gestion des flux migratoires, guerre des ressources). En ce sens, et singulièrement en 2017, la diplomatie environnementale n’est que la continuation de la diplomatie par des vecteurs différents. Lorsque le président Macron s’est adressé le 29 août 2017 à l’ensemble des ambassadeurs français, figurait ainsi  parmi ses priorités, et pour la première fois, l’élaboration d’une « véritable Europe du climat et de l’énergie ».

L’année 2017 permet de dessiner le visage du système diplomatique qui accompagne l’actuelle prise en compte de l’urgence environnementale. La prise de conscience est actée, les financements sont planifiés. La bataille du leadership est encore en cours, motivée notamment par le retrait des États-Unis, la volonté de la Chine de s’acheter une conscience verte, et les revendications pressantes des pays du Sud. Le One Planet Summit a en outre laissé entrevoir un deuxième volet de cette diplomatie : le rôle de plus en plus prégnant de la société civile, notamment via les grandes entreprises. Suppléant parfois le rôle des États, elles ont été impliquées notamment dans d’ambitieux partenariats public-privé tel celui visant à créer une « Climat smart zone » aux Caraïbes, doté d’un fond de 2,8 milliards de dollars.

La communauté internationale fait aujourd’hui face à une série de menaces complexes contre la durabilité environnementale et l’écologie sociale et humaine de toute la planète. L’urgence est bien souvent la colonne vertébrale de l’action mais ne peut être le principe d’une réelle diplomatie environnementale, soucieuse de résultats tangibles et s’inscrivant dans le long terme. 2018 s’ouvre sur un calendrier chargé, marqué notamment par un « Sommet de l’action climatique mondiale » en septembre 2018 à San Francisco, réunissant les nouveaux acteurs de la diplomatie environnementale : les villes, les scientifiques, les citoyens et les entreprises.

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